LE FESTIVAL

SAUVEGARDER ET REVIVIFIER

Tant en Algérie qu’à l’étranger, la richesse et la diversité du costume traditionnel algérien sont reconnues par les spécialistes. De même, ce patrimoine exerce encore une forte attraction dans la société, et les Algériens le considèrent avec respect et affection comme un témoin du passé et des valeurs qui lui sont rattachées.

Il continue à être produit et porté dans certaines régions du pays, notamment en milieu rural et nomade et, partout, y compris dans les grandes villes. Il est associé aux cérémonies familiales et sociales où l’on peut voir les femmes surtout se vêtir de vêtements anciens, transmis de génération en génération, ou nouveaux, reproduisant les éléments du patrimoine vestimentaire ou s’en inspirant dans des styles modernisés.

Cet attachement et cette demande entretiennent un domaine productif, essentiellement animé par des maisons de couture spécialisées dans l’habit traditionnel, des couturiers et des couturières travaillant en solitaires et, enfin, quelques artisans œuvrant dans la rigueur de la tradition, autant pour les costumes que pour leurs accessoires (dentelles, broderies, chaussures, etc.).

Cependant, d’une manière générale, on peut constater une déperdition résultant du grave déficit enregistré durant la colonisation mais également de phénomènes nouveaux postérieurs à l’indépendance et qui ont trait à la situation globale de l’artisanat, à la crise du secteur textile dans notre pays et à l’importation massive de vêtements, non seulement modernes mais relevant de traditions vestimentaires d’autres régions du monde. Dans la même perspective que celle de l’action globale pour la relance de l’artisanat, le ministère de la Culture apporte sa contribution à la préservation du patrimoine immatériel et au développement des arts traditionnels. Dans ce cadre, le costume traditionnel en tant que legs historique fait l’objet d’une attention soutenue qui méritait une rencontre annuelle.

Cela a conduit le ministère de la Culture à créer et institutionnaliser le Festival national de l’habit traditionnel algérien par un arrêté signé le 20 septembre 2010 qui a permis d’organiser la première édition de cette manifestation du 21 au 29 septembre 2011 au Palais de la culture Moufdi-Zakaria d’Alger. Cette décision s’inscrit dans le dispositif général de création de festivals qui couvrent aujourd’hui l’ensemble des disciplines relevant du patrimoine, des arts et des lettres et s’étendant sur l’ensemble du territoire national (décret exécutif n° 03-297 du 10 septembre 2003, fixant les conditions et les modalités d’organisation de festivals culturels).

Le Festival national de l’habit traditionnel algérien vise essentiellement à donner la plus large visibilité publique au patrimoine vestimentaire national dans la diversité historique de ses périodes de création et de ses diversités régionales ou thématiques. Chaque édition se focalise sur un aspect particulier de ce patrimoine. Ainsi, en 2011, le programme était centré sur une exposition de robes traditionnelles dites « blouzat » des différentes régions d’Algérie.

L’autre objectif, et non des moindres, est d’offrir aux acteurs divers de ce patrimoine un cadre de promotion, de rencontres et d’échanges. Il s’agit d’honorer les créatrices et les créateurs ainsi que les maîtres et les maîtresses de métiers liés à ce domaine, de les encourager et de les mettre directement en contact avec le public, en dehors de leurs maisons ou ateliers.

De même, il s’agit de mettre en valeur les efforts des universitaires qui s’intéressent au patrimoine vestimentaire national d’un point de vue historique, sociologique ou artistique. A travers cet objectif, le Festival national de l’habit traditionnel algérien entend apporter sa contribution à la constitution d’un domaine de connaissance lié à ce sujet, en y intégrant les actions menées en milieu muséal pour la conservation et la recherche.

Enfin, s’agissant d’une manifestation publique à caractère culturel et populaire, le Festival s’attache tout particulièrement à sensibiliser les citoyens et les citoyennes sur ce patrimoine encore vivant, en leur apportant la démonstration de sa richesse et en diffusant dans la société et, surtout, aux jeunes générations le goût de ces trésors qui faisaient partie du quotidien de nos ancêtres.

Toute l’organisation de Festival national de l’habit traditionnel algérien est tournée vers la réhabilitation de ce patrimoine dont l’enjeu réside, d’une part, dans la conservation et la recherche et, d’autre part, dans le développement de la qualité et de l’authenticité des productions actuelles d’habits traditionnels.

Le comité d’organisation de la rencontre associe les chercheurs, le public et les médias à la réflexion sur les meilleurs voies et moyens de rendre ce Festival encore plus important et plus marquant. Le patrimoine vestimentaire national nécessite, en effet, la mobilisation de tous ceux qui l’animent et le défendent.